mercredi 24 octobre 2007

Nouvelle rébellion touarègue: hypothèques du passé?

20 juillet 2007

Depuis février de cette année, de nouvelles agitations secouent le nord de la République du Niger. Déjà, de diverses sources font état de nombreux morts – dont des civils – et de portés disparus. Des conflits non résolus vont-ils mener à une nouvelle édition des évènements de 1990-95 ?

De nombreux touaregs issu du milieu de la rébellion touarègue des années ’90 se sont formés en nouveau front avec le nom Mouvement des Nigériens pour la Justice (MNJ), en février passé. Depuis, plusieurs affrontements armés entre l’armée nigérienne et le MNJ ont eu lieu. D’autre part, des infrastructures commerciales de provenance étrangère ont été attaquées à plusieurs reprises, comme il est le cas de la société minière française Areva.

L’arrestation et l’assassinat de trois vieillards civils touaregs par le militaire dans la région de Tezirzayt (faits entre temps confirmés par plusieurs sources, dont militaires au Niger), ainsi que des informations selon lesquelles plus de 250 personnes seraient portées disparues après des arrestations, ont entraîné le conflit vers l’escalade. En tant qu’attaque de représailles, les rebelles du MNJ ont attaqué le poste militaire avancé de Tezirzayt, ce qui a causé la mort de 17 soldats nigériens, 43 autres ont été blessés et plus que 70 ont été fait prisonniers. A l’issue de l’attaque, le MNJ a fait appel au Comité International de la Croix Rouge (CICR) pour la prise en charge des prisonniers blessés. Le 25 juin, 30 des plus grièvement atteints ont été libérés et remis a une délégation du CICR pour les conduire à l’hôpital d’Arlit.

En dépit de l’attention internationale, que ces évènements ont attirés au cours de ces dernières semaines, le gouvernement nigérien continue de qualifier les rebelles de « bandits armés » et « trafiquants de drogue ». Il refuse d’admettre l’existence d’une nouvelle rébellion touarègue et leur organisation MNJ, qui – selon le site internet du mouvement – s’engage pour que justice soit faite à tous les nigériens, toutes ethnies confondues. Conformément à ce crédo, de nombreux individus non-touaregs ont rejoint les rangs du MNJ.

En plus du refus du gouvernement d’admettre une nouvelle rébellion, la presse est soumise à une censure active : le 1er juillet, le bimensuel indépendant d’Agadez, Aïr Info, a été suspendu pour 3 mois pour ses articles sur les évènements. Trois autres journaux privés de Niamey ont été mis en garde.

Les rebelles touaregs ont signalé à plusieures reprises leur ouverture au dialogue avec le gouvernement, mais sous condition que celui-ci accepte leur organisation MNJ en tant que mouvement rebelle.

Plusieurs fois, des informations (jusque-là non confirmés pourtant) ont circulé, selon lesquelles le gouvernement nigérien aurait demandé le soutien militaire d’autres pays. Le dernier cas a été cité par le MNJ le 3 juillet sur son site internet, stipulant que le Président Mamadou Tandja voulait se procurer des hélicoptères du type M-24 de l’Ukraine pour attaquer les postes du MNJ.

Les raisons pour le conflit sont à chercher dans la discrimination persistante des régions du nord, ainsi que dans l’exploitation et prospection des importants gisements uranifères dans l’Aïr (surtout par des sociétés françaises et chinoises), qui représentent un danger de santé pour la population locale et pour l’environnement. Sous la médiation de la France, de l’Algérie et du Burkina Faso, le dernier soulèvement armé des touaregs a été achevé en 1995 par des accords de paix entre les rebelles et le gouvernement. Cet accord prévoit, entre autre, une décentralisation administrative et militaire du pays entier, ainsi qu’une augmentation des investissements dans la région du nord, surtout dans le secteur éducatif et la médicalisation de base. D’autre part, certains droits d’autogestion ont été accordés aux populations du nord, majoritairement composées de touaregs. Selon le MNJ, ces promesses, faites dans les accords de paix de 1995, n’ont été tenues que ponctuellement ou pas du tout par le gouvernement.

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